La lunette de repérage constitue l’instrument idéal pour l’observation de la nature et un passage obligé pour les ornithologues. Amateur ou observateur chevronné, cet instrument permettra de distinguer les plus fins détails sur les animaux, afin de les identifier précisément et sans laisser de place au doute. Comme les jumelles, compactes et légères, permettront une première approche, la lunette de repérage, plus grosse et plus lourde, permettra de longues séances confortables et rendra accessibles à l’observation des zones inaccessibles. Aussi, nombre d’espèces d’oiseaux ne se laissent pas approcher facilement, rendant la lunette de repérage indispensable à une observation de qualité à distance.
Tout d’abord, pour bien comprendre quels sont les différents paramètres qui définissent une lunette, il faut se familiariser avec quelques notions techniques.
- Que veulent dire les chiffres 20-60×80 sur une lunette de repérage ?
Ces chiffres sont ni plus ni moins que les caractéristiques principales de la lunette : 20-60x définit la zone de grossissement de la lunette. Celle-ci par exemple offrira un grossissement allant de 20x à 60x via l’utilisation d’un oculaire zoom. Le chiffre 80 qui s’en suit définit le diamètre de l’objectif qui, en l’occurrence sera de 80mm.
- Qu’est-ce que l’objectif ?
L’objectif est la lentille principale (située à l’avant) qui collecte la lumière, créé l’image qui sera ensuite grossie par l’oculaire. La performance même d’une lunette dépendra directement du diamètre et de la qualité de son objectif. Plus celui-ci sera grand, plus grande sera la quantité de lumière que l’oeil pourra capter. La qualité de fabrication et la qualité des verres utilisés pour l’objectif, ainsi que sa formule optique (doublet, triplet, etc.) seront tout aussi déterminants pour la qualité finale de l’image et donc pour l’observation.
- Qu’est-ce que l’oculaire ?
L’oculaire est la partie optique de la lunette où l’on place l’oeil afin d’observer. C’est l’oculaire qui créé une image visible par notre oeil, sa qualité sera donc déterminante. Les lunettes modernes possèdent quasiment toutes des oculaires zoom de bonne qualité et très pratiques lorsqu’il s’agit d’observer à différents grossissements sans manipulation fastidieuse, souvent simplement en tournant une bague. Parfois, il est possible d’utiliser des oculaires à focale fixe (grossissement fixe). Il peut y avoir des avantages à cela (champ apparent, qualité optique) mais l’option est toutefois assez rare.
- Que veulent dire « Verres ED ou LD » ou HD, Apo, etc. ?
Certains acronymes n’ont pas d’autre signification que celle voulue par les bureaux de marketing ! Par exemple, « HD » pour Haute Définition, d’un point de vue optique n’a pas une grande signification… Les marques qui utilisent ce genre de définition nous indiqueraient-elles qu’avant de sortir ces optiques « HD », elles nous vantaient à tort des optiques basse définition ? La question serait à poser…
La dénomination ED par contre a une toute autre définition : ED pour Extra-low Dispersion (dispersion chromatique très basse). Celle-ci correspond à des valeurs techniques précises : les verres ED ont une dispersion chromatique moindre, garantissant des images plus contrastées et dépourvues de couleurs « bavantes » (aberration chromatique), souvent caractérisées par un liseré jaune/violet sur les sujets contrastés.
La notion d’Apo (apochromatique) rejoint plus ou moins celle précédemment traitée de ED. Un système Apochromatique se doit de délivrer des images exemptes d’aberration chromatique, donc synonyme de lunette de qualité, plus haut de gamme. L’objectif n’est pas le seul élément optique important pour définir du caractère apochromatique d’un système. L’oculaire et les prismes qui composent la lunette ont tout autant un rôle à jouer. Il ne servirait à rien d’acheter une lunette Apo très cher si c’est pour y adjoindre un oculaire de piètre qualité… Le caractère « Apochromatique » serait ainsi complètement faussé.
Comment choisir entre une 60mm et une 80mm voire 100mm ?
L’utilisation que vous allez faire de la lunette déterminera la taille et la performance nécessaire.
L’observation à courte distance et dans un milieu bien éclairé permettra l’utilisation d’une lunette de petit diamètre, une 15-45×65 suffira amplement aux besoins. On retrouve souvent ce genre de lunette sur les stands de tir à l’arc ou tout autre pas de tir à courte distance (jusqu’à 60-70m).
La lunette de 80mm (généralement 20-60x-80) est l’instrument roi. Idéal par son poids et son volume restreints, son objectif lumineux donnera des images claires et définies même lorsque les conditions lumineuses sont défavorables (sous-bois, tombée de la nuit…). C’est surement le type de lunette de repérage le plus vendu. Son grossissement supérieur à une lunette de 60mm et son pouvoir de résolution plus grand en font aussi l’instrument idéal pour des observations précises à moyenne distance (tir à l’arc longue distance, pas de tir sur cible lointaine, faune à longue distance, etc.).
Enfin la lunette de 100mm, plus rare sur le marché, comblera ceux qui observent dans des conditions plus extrêmes : très faible luminosité et plus grande distance.
Mais la performance d’un objectif de grand diamètre a un prix : plus lourde et plus longue, une lunette de 100mm sera moins agréable à transporter et nécessitera un trépied solide et très stable.
Lunette droite ou lunette coudée ?
Là , on entre dans le subjectif. Certains préféreront un modèle alors que d’autres ne supporteront que l’autre…
Cependant, on peut définir quelques avantages et quelques inconvénients pour chacun des modèles :
Modèle droit :
Avantages :
– Facile à viser, de manière instinctive comme avec une paire de jumelles ou un appareil photo.
– Pour la digiscopie, l’appareil est disposé comme derrière un objectif, facilitant le déplacement et la manipulation.
Inconvénients :
– Nécessite un trépied plus haut, handicapant pour des personnes de grande taille.
– Difficile d’accéder à l’oculaire lors d’observations de sujets situés en hauteur.
Modèle coudé :
Avantages :
– Permet l’utilisation d’un trépied plus bas donc plus stable.
– Facilite l’observation en des sujets situés en hauteur.
– Plus facile d’accès pour des personnes de taille différente, sans avoir à toucher au trépied.
– Meilleur confort pour l’observation d’oiseaux en vol.
Inconvénients :
– Visée moins instinctive qu’avec un modèle droit, souvent il faudra se pencher pour viser.
– Un peu plus volumineuse dans un sac du fait de l’angle de l’oculaire.
La digiscopie ?
Certains modèles permettent l’ajout d’un appareil photo pour faire de la digiscopie. Malheureusement, il n’y a pas vraiment de standard. Certaines lunette n’offrent pas vraiment de solution viable et de qualité. D’autres permettent, via un minimum de bagues ou d’adaptateur spécifique, une adaptation facile et de qualité… Il faudra voir au cas par cas, tout en ayant à l’esprit qu’une caméra numérique à objectif interchangeable (type reflex ou « mirrorless ») sera souvent plus facile à adapter.
Aujourd’hui, les téléphones portables (cellulaires) ont souvent des caméras de bonne qualité. Il est parfois facile, via un minimum de matériel, d’adapter ceux-ci sur une lunette de repérage. Nous vous renseignerons sur demande afin de vous faciliter la tâche.
Puis-je utiliser ma lunette sans trépied ?
NON ! Tout instrument optique ayant un grossissement supérieur à 12x ou 15x nécessite un support afin d’éviter les tremblements naturels et ainsi d’avoir une bonne qualité d’observation.
Les lunettes de repérage ont toutes une base avec un filet 1/4-20 compatible avec les trépieds photo. Ne sacrifiez pas la qualité du trépied pour économiser quelques $. Si votre trépied n’a pas la bonne hauteur ou s’il est instable de par sa construction ou les matériaux utilisés (plastique…), la meilleure lunette de repérage au monde montée dessus ne sera qu’un piètre instrument.
Aussi, l’utilisation de têtes fluides du type « vidéo » permettent de suivre facilement un animal et rendent les mouvements de la lunette facile, sans manipulation, seulement avec une seule manette en main.
Au final, combien devrais-je payer pour avoir une bonne lunette ?
Évidemment cela dépendra de vos attentes et de votre budget. On peut très bien débuter avec une lunette à 180~700$, elle comblera beaucoup de besoins de base. (Celestron Ultima, Diamonback Vortex, Nikon Prostaff)
Si toutefois vous voulez atteindre un bon niveau d’observation avec un instrument qui vous permettra de distinguer les plus fines nuances de couleur d’un plumage, les plus petits détails sur un oiseau de petite taille, alors il pourra s’avérer judicieux d’investir entre 700$ et 1500$. C’est dans cette fourchette de prix que l’on rencontre les premières lunettes APO à verres ED de bonne qualité. (Vortex VIPER HD, Celestron Regal M2, VANGUARD Endeavor HD, Bushnell ELITE)
Si l’argent n’est pas un problème pour vous, alors n’hésitez pas à investir 2000-3000$ dans une lunette de repérage : les images qu’elle vous donnera vous feront vite oublier l’investissement consenti et vous amèneront dans une autre dimension d’observation. En outre, ce genre d’instrument est l’instrument d’une vie et si vous en prenez soin au minimum il sera votre partenaire pour des années… Et même des dizaines d’années ! 🙂 (Swarovski, Zeiss, Vortex RAZOR HD, Nikon Monarch 82ED)